Bagad bretonBagad breton

Dis Maman, c'est quoi un Bagad ?

C'est l'été, et le moment de profiter des festivités et plaisirs de la Bretagne. Outre les loisirs à la plage, baignade et bon goûter revigorant, certains d'entre vous aiment se rendre au fest-noz, ces soirées typiquement bretonnes où l'on danse, chante et mange des crêpes et galettes jusqu'à l'envie !


Ces fest-noz sont généralement animés par des musiciens jouant d'instruments ancestraux, et issus du Bagad. Mais connaissez-vous l'histoire du Bagad et de ses instruments ?


C'est une véritable épopée musicale, pleine de surprises ! 

Contre toute attente, le Bagad n'est pas né en Bretagne mais à Paris ! En effet, des bretons exilés dans la capitale eurent l’envie de se réunirent à l'occasion de grandes fêtes pour se retrouver et se remémorer leur Bretagne natale. Ces moments fraternels sont marqués par la présence de plusieurs sonneurs (joueurs de biniou et de cornemuse) afin de faire danser l'assemblée dans des ridées endiablées. C'est un breton de Paris, Jeff le Penven, qui en 1950 donne le nom officiel de Bagad à cette formation de musiciens. Le groupe comporte trois pupitres : bombarde, cornemuse et percussion. Tout est posé : l'ensemble de musiciens, la note d'accord de référence, et même le répertoire.


Cette nouvelle idée fait rapidement des adeptes, de Rennes à Saint Brieuc, on se passe le mot. Des bagads se forment et de nombreux sonneurs, jusqu'alors isolés, rejoignent les formations.


Il faut cependant faire un retour dans le temps, en 1932, pour retrouver trace d'une toute première formation de musiciens : la Kenvreuriezh Ar Viniaouerien ! Inspirée des Pipe Bands écossais, ce groupe de sonneurs (bombardes et cornemuses) font entrer des percussions (caisses claires et grosses caisses). L'un des fondateurs de ce groupe, Dorig le Voyer, se lance même dans la fabrication de bombarde, en adaptant et révolutionnant cet instrument, notamment en lui octroyant la note SI comme tonalité générale et une échelle moderne pour les instruments est fixée. Aujourd'hui encore cette influence et les choix radicaux de Dorig Le Voyer sont la base de tout bagad contemporain.


Jusque dans les années 70, les bagads se forment, et le mouvement grandit. Chaque moyenne et grandes villes de Bretagne à sa propre formation. Le bagad est le symbole du dynamisme et de la culture locale. Des concours s'organisent pour élire le meilleur d'entre eux. La chanson française populaire s'empare du phénomène, comme Alain Souchon qui emploie le Bagad de Lann-Bihoué pour le tube du même nom !


Mais dans les années 70, c'est la musique folk qui est prédominante, et un musicien, issu du bagad Bleimor, marque profondément l'histoire du mouvement. Alan Stivell injecte dans sa musique bretonne, devenue désormais celtique, de la guitare électrique et des batteries rock. Son Olympia, en 1972, est une révolution et un succès fracassant ! L'album live, issu de ce concert d'anthologie, se vend à plusieurs millions d'exemplaires. Alan Stivell devient le porte-drapeau d'une Bretagne qui innove, qui s'émancipe de son image folklorique « ringarde ». 


Evidemment, comme dans toutes les histoires, il y a les gentils et les méchants !

Certains bagads rejettent totalement l'idée d'innover et de faire rentrer de nouvelles sonorités ou instruments dans la formation traditionnelle du bagad.


Et il y a ceux qui suivent la voie tracée par Stivell. C'est le cas, notamment du Bagad de Vannes Melinérion qui, sous la houlette de son jeune président, Etienne Chouzier, ne cesse de se réinventer et créer des pièces musicales inédites, en prenant le risque parfois de déstabiliser son public. Le spectacle CONTRECHAMP, donné en février dernier à l'Olympia (45 ans jour pour jour après le concert d'Alan Stivell – il n'y a pas de hasard!) en est l'illustration : guitare électrique vaporeuse, nappes de synthétiseur aux accents électro, etc. …

 

Un autre bagad, situé à locoal-mendon, dans le Morbihan, tire son épingle du jeu et acquiert une reconnaissance totale de son public et de ses pairs, et ce, depuis plus de quarante ans, le bagad RosedMor. Sacré quatre Champion de Bretagne (un record en la matière!) dans les concours de bagadou (pluriel de bagad), cette formation « traditionnelle » à la particularité de jouer aux côtés de groupes folk tels que Dan ar Braz, Denez Prigent, Carlos Nunez ou encore le poète breton Gilles Servat. Ils ont même joué aux côtés de Michael Jones, l'ancien guitariste de Jean-Jacques Goldman ! Soutenu par La Trinitaine, le bagad de locoal-mendon se produit sur de nombreuses scènes locales, nationales et internationales. Il joue dans les plus grands festivals. Pour la fête de St Patrick, ils ont même rempli le stade La Beaujoire de Nantes !

Evidemment, le Festival Interceltique de Lorient met chaque année la musique celte à l'honneur et montre à un public de plus en plus large que la musique n'a pas de frontières... C'est l'un des rendez-vous incontournable de l’été si vous aimez la musique celtique !

Bref, vous savez maintenant ce qu'est un bagad et son origine...De quoi briller dans un dîner au moment du dessert !!

 

BR – Juillet 2017

Bagad devant l'OlympiaBagad devant l'Olympia