Portrait Irène FrainPortrait Irène Frain

Lorient – après-guerre.

La ville peine à se reconstruire et la jolie petite fille, assise en tailleur, contre le mur, dévore son roman. La bibliothèque est silencieuse, la lumière frappe à travers la fenêtre les quelques livres classés dans les rayonnages....
Irène traverse la ville en bus, rejoint la petite maison familiale et jette un dernier coup d'œil sur le puits en traversant le jardin. La nuit tombe sur la campagne bretonne. 


Paris 2010.

Irène Frain est faite Officier de la Légion d'Honneur. Un parcours hors du commun, donc, une écrivaine sensible et une façon de raconter qui mêle la Grande et la petite histoire. L'élève brillante qu'elle fut n'en finit pas d'étonner son entourage, excelle en Latin et Grec et son niveau d'excellence fera d'elle une jeune agrégée de 22 ans ! Mais Irène se souvient des histoires racontées par sa mère, curieuse de tout et dotée d'une culture immense. Seul l'amour maternel manque à l'enfant, suspendue aux contes imaginés, fantasmés et racontés de façon quotidienne. « Cette blessure de l'enfancecar je voulais l'amour de ma mère qui ne m'a pas désirée, non exprimé comme un secret de famille mais que je ressentais puissamment, c'est, je crois, ce qui m'a poussé à devenir écrivaine.»

La vie d'irène Frain est jalonnée de rencontres décisives : première éditrice qui la repère et la convainc de publier. Irène sort son premier roman, Le Nabab, l'histoire folle d'un aventurier breton parti faire fortune en Inde...
Retour en arrière, à Lorient : la petite fille brune qu'elle était se prend à rêver sur le port de la ville. C'est le lieu du départ, de l'inconnu, des pays lointains et exotiques, de l'aventure. Au bras de sa mère,  les visites fréquentes de la Compagnie des Indes située dans la citadelle Vauban de Port-Louis la marqueront pour la vie et l'inspireront des années plus tard pour ce premier roman, lui-même inspiré par une histoire authentique de  moussaillon breton...
Aujourd'hui encore, Irène Frain reste « l'enfant imaginative animée par la curiosité et le romanesque », émerveillé de l'Autre, la fraternité et les découvertes. « Je suis resté, c'est vrai, cette petite fille pendue à la bouche de l'histoire...Je tombe en amour de l'histoire ! »
Ecrire est pour elle une nécessité. « Ecrire un livre, quelle merveille ! »
Cette grande amoureuse de la vie est toujours en mouvement, voyage dès que possible, écrit tous les jours et fait de la gym : « il faut bouger quand on écrit, s'entretenir et faire très attention à son alimentation...Le corps s'abîme si l'on y prend garde. Ecrire pendant des heures, à son bureau, altère l'organisme, le corps, le mental... ».

Portrait Irène FrainPortrait Irène Frain

Alors, elle cuisine... Et de cette pièce essentielle de la maison, elle en à écrit un essai où il est question de désirs, gourmandises, sensualité et d'humanité amoureuse. « La cuisine est la pièce la plus jouissive de la maison, selon moi, si intime et pourtant conviviale... »
Et si j'en crois ses amis, elle est même une excellente cuisinière qui s'amuse à étonner et faire découvrir des saveurs d'ailleurs... Si on lui demande quelle est son épice préférée, rien d'étonnant à ce qu'elle réponde « le Kari gosse, cet épice breton venue d'Inde ! Il correspond à une caste de pêcheurs... » Tiens donc ! « Vous viendrez goûter mon homard à la lorientaise, au Kari gosse, justement, vous verrez ... »
Irène Frain a sorti son dernier ouvrage en 2015, Marie Curie prend un amant, un scandale d'époque traité comme un thriller, mais qui parle surtout d'amour.
L'Amour avec un grand A, celui qui lui a fait défaut, un temps, mais qu'Irène Frain a su trouver au fil de sa vie, au travers de ses rencontres, ses voyages, ses personnages et de la vie qu'elle a choisie. Une vie à imaginer ce qui existe …

BR 2017.