illustration Gildas Flahaultillustration Gildas Flahault
© Gildas Flahault

« Si tu veux apprendre à prier, prends la mer ! »

La mer, l'océan, à depuis toujours fasciné les hommes et les marins en particulier. Les légendes ont contribuées à cette fascination alimentée de rumeurs, faits réels, ou encore d'histoires édulcorées, imaginées...

En voici quelques-unes, dont il est très difficile, parfois, de dire si elles sont vraies...Disons que dans ce domaine, la réalité dépasse la fiction...ou l'inverse ! 

Au 18ème siècle, la marine à voile bat son plein et les échanges commerciaux prennent un réel essor. A tel point qu'il faut toute l'ingéniosité des marins et des Capitaines pour stocker les marchandises, et notamment les vivres afin de mieux les conserver tout au long du voyage. Les escales étaient rares, et les maladies dont le fameux scorbut, faisaient des ravages au sein des équipages.

Un journal de bord, tenu par un jeune mousse breton, rapporte des récits effroyables sur la vie des marins à bord d'un navire en route pour l'Asie, sur la célèbre route des Indes : « nous mangions des biscuits, qui à notre départ étaient succulents et nous apportaient le peu de sucre dont nous avions besoin pour endurer la vie à bord. Mais au bout d'un moment, les vieux biscuits n'étaient que poudre, tout plein de vers et puant de l'urine laissée par les rats ! »

En effet, à l'époque, les vivres étaient stockés dans des boites en bois, posées à même le sol de la cale. Les rats et autres insectes embarquaient à bord, le temps du chargement, attirés par les odeurs et les effluves de la cuisine et des aliments encore frais. Ce n'est que plus tard, au début du 19ème siècle, qu'un commis eu l'idée de stocker la nourriture dans des boites en métal, afin d'éviter l'invasion des rongeurs.

Cette histoire est vraie !

Et s'il est une région riche en légendes de tout genre, la Bretagne reste la première en terme maritime. Le Golfe du Morbihan n'échappe pas à la règle et de nombreuses légendes et histoires circulent depuis la nuit des temps, colportées par les conteurs, ces hommes habillés de noir qui racontaient leurs histoires contre un plat chaud, au coin du feu, lors des veillées.

 

Un amour impossible... 

L'une d'entre elles, romantique et romanesque, raconte l'histoire d'un amour impossible entre un jeune marin de l'Ile aux Moines et une jeune et belle fille de l'Ile d'Arz. A cette époque, un sentier côtier reliait les deux iles à marée basse (toutes les 6 heures). La jeune fille traversait la nuit pour se retrouver sur l'Ile aux Moines, au bout d'une pointe où se trouve un petit bois de pins maritimes centenaires...Aujourd'hui le bien-nommé « Bois d'Amour » !

Mais, un matin très tôt, elle fut reconnue par un habitant de l'ile aux Moines qui en informa les parents du jeune marin. Ce dernier fut conduit chez les moines, enfermé dans le monastère. Malheureuse et pleine de chagrin de savoir son amoureux privé de liberté, la jeune fille continua de venir tous les jours chanter sous la fenêtre de son grand amour. Le Prieur et gardien des lieux, exaspéré, fit appel aux esprits malins (les korrigans) qui submergèrent le passage, noyèrent la jeune fille et séparèrent les deux iles à tout jamais...

Aujourd'hui encore, les rivalités entre les deux iles est manifeste. Il est rare de rencontrer un iledarais sur l'Ile aux Moines ! 

 

Les fées de Brocéliande, à l'origine des iles du Golfe ...

Savez-vous pourquoi il y autant d'iles dans le Golfe du Morbihan ? Une légende célèbre raconte que les méchants korrigans chassèrent les fées de la forêt de Brocéliande. Elles versèrent tant de larmes de désespoir que les larmes formèrent le Golfe, elles y jetèrent leur couronnes de fleurs qui donnèrent les 365 îles du Golfe... Trois couronnes, emportées par le courant, dérivèrent jusqu'à l'océan donnant naissance aux îles de Houat, Hoedic et Belle-Ile ! 

Si vous vous baladez le long du littoral, aux abords du Golfe, il n'est pas rare de voir flotter, au gré du courant une ou deux fleurs de genêts : les fées sont espiègles !

 

Houat, entre légende et histoire vraie...

Connue pour sa grande plage de sable blanc, au large du Golfe du Morbihan, et née d'une couronne de fleurs d'une fée chassée de Brocéliande, il plane sur l'ile de Houat une douceur de vivre...qui remonte au 18ème siècle. En effet, il est consigné sur un livre de la Mairie du Palais, à Belle-Ile, alors administratrice de Houat, que la dizaine d'habitants vivaient dans une sorte de communauté joyeuse et isolée du continent. « ce petit peuple, autonome et joyeux, ne vit que par la pêche et l'agriculture. Les maisons n'ont pas de serrure aux portes, et les anciens sont les gardiens des règles. Ce peuple ne se déplace sur la Grande Terre qu'en été, pour vendre la pêche et s'y fournir de quelques provisions indispensables pour passer le rude hiver ».

Une hospitalité légendaire... « Lorsque d'aventure, un étranger désireux de découvrir cet havre de paix, pose le pied sur l'ile, déposé par un bateau venant de Saint-Gildas ou de Quiberon, le premier habitant le croisant, l'invite chez lui, lui offre gîte et couvert pour un jour, et le confie à son voisin qui prend le relais...et ainsi de suite tant que l'étranger souhaite rester sur l'ile. »

N'est-ce pas charmant de lire qu'au large, en plein océan, un « petit » peuple vivait sans à priori, dans une paix sociale stable et jouissant pleinement de ce que la nature avait à offrir !

Cette image de Houat ajoute au charme de l'ile, et l'on se prend à rêver d'être au 18ème siècle pour se faire inviter dans l'une de ces petites maisons sans serrure !

 

BR – Aout 2017