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L’apéritif est un moment apprécié par tout le monde. Moment privilégié de partage et de convivialité, il brise les codes et rassemble tout le monde, quelque soit l’âge. Mais d’où vient-il ? Quelle est son histoire à travers les siècles ? La Trinitaine vous propose de découvrir ses petits secrets

Le mot apéritif vient du latin apertivus, dérivé de aperire qui signifie ouvrir. Au départ, c’est un terme plutôt médical, correspondant à une décoction à base de plantes, qui était censée « ouvrir » les voies d’évacuations naturelles (un laxatif en quelque sorte !). Si ce n’est qu’à partir du XIIème siècle qu’il voit sa fonction se transformer « pour ouvrir l’appétit », il reste que cette notion date bien de l’Antiquité.

De l’Antiquité au Moyen Âge, l’apéritif évolue

À la fin d’une journée de labeur, les Égyptiens s’offraient une collation à base de fruits secs, de dattes, de petits oignons et d’une bière tiède. On a même retrouvé des fresques dédiées à la fabrication et la consommation de ce breuvage sur des mastabas (mausolées funéraires) datant de -2200 avant J.C. Les premiers signes de l’apéritif ?

Chez les Grecs, on se réunissait pour pratiquer le symposion (littéralement réunion de buveurs) où on y célébrait souvent Dionysos, le dieu de la vigne et de l’ivresse.  Alors que dans les banquets romains, on consommait du vin au miel ou de l’ambroisie avant de commencer les hors d’œuvres. 

Chez les Celtes (dont les Gaulois), on pratiquait également l’apéritif à sa façon. On prenait part à des festins codifiés où les guerriers, servis par de jeunes pages se voyaient attribuer « la part du héros » selon leur mérite. La première coupe ou la première pièce de viande, était donnée pour honorer un hôte, ou en discréditer un autre. Un apéritif un peu moins convivial !

Enfin, au Moyen-âge, on ne prend pas l’apéritif de la même manière si on est noble, marchand ou paysan. Si les serfs et métayers peuvent consommer liqueurs et bouillons avant le repas (surtout pour des raisons médicales), les aristocrates ripaillent et se partageaient à plusieurs les gobelets et tranchoirs. D’ailleurs, les premiers ouvrages de savoir-vivre datent de cette époque.

De l’Empire au XIXème siècle, il connaît des hauts et des bas

Sous les deux Empires puis après 1870, on se découvre un nouvel intérêt pour les arts et les manières de la Renaissance et de la Rome antique. Il y a souvent des réceptions raffinées et l’apéritif rentre alors dans une période faste. En effet, de nombreux nectars récréatifs, pour la majorité à base de vin blanc ou de cognac, font leur apparition et de nouveaux accompagnements et amuse-bouches sont créés. 

Mais, à la fin du XIXème siècle, ces pratiques évoluent et l’apéritif a pris sa place comme un moment de convivialité à part entière. La Révolution Industrielle a bouleversé les structures sociales traditionnelles. Les bars et les cafés deviennent alors un vrai lieu de vie et un nouveau repère pour les ouvriers. Pour Paul Morand, « L’apéritif c’est la prière du soir des français ». 

Néanmoins, celui-ci sera très vite dévalorisé car la consommation de boissons alcoolisées pour le plaisir est vue comme contraire aux valeurs de progrès et d’ordre. De nombreuses lois seront promulguées pour le limiter et il faudra attendre 1951 pour que la législation s’assouplisse. 

A partir des années 60, la jeunesse, qui n’a pas connu la guerre, arrive en âge de consommer et redonne à l’apéritif ses lettres de noblesse. Plus tournés vers les plaisirs gustatifs, ces nouveaux actifs mènent une vie plus trépidante. L’apéro se « perfectionne » et la frontière entre collation et repas s’estompe, pour laisser la place à de nouveaux concepts comme, par exemple, l’apéritif dinatoire.

Aujourd’hui, l’apéritif est bien plus qu’un moyen d’ouvrir son appétit. C’est redevenu un rituel, symbole de convivialité, où on rivalise de bonnes idées pour en faire un moment festif. La très grande majorité d’entre nous ne veut pas le sacrifier et le considère comme essentiel. L’apéro a encore de beaux jours devant lui !

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